Combien de temps pour amortir un insert bois ?

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photo insert bois

 

Nous avons emménagé dans notre deuxième résidence principale en février 2007.

Il s’agit d’un pavillon individuel acheté neuf sur plan. Avec une surface habitable de 110 m2 et 4 chambres, dont une en rez-de-chaussée avec coin parents indépendant, cette maison répondait à la plupart de nos critères de recherche.

Le logement était muni d’origine d’un conduit d’évacuation de cheminée pour foyer bois.

Nous n’avons pas résisté longtemps à un des petits plaisirs du nouveau propriétaire de maison individuelle : faire installer un foyer fermé.

 

Home Sweet Home

Notre principale motivation pour installer un foyer bois n’était pas financière. Nous sommes en fait tombés dans un des travers psychologiques bien connus du propriétaire de résidence principale : faire des dépenses de confort pour améliorer son cadre de vie.

La maison présentait en effet toutes les garanties de la réglementation thermique RT 2005. Le chauffage et la production d’eau chaude sont assurés à l’origine par une chaudière gaz classique d’une puissance de 24 kW.

L’ajout d’un système de chauffage d’appoint répondait donc clairement à tous les critères d’une dépense plaisir de confort.

J’avais toutefois entendu dire que le chauffage bois présentait un coût d’utilisation nettement moindre par rapport aux chauffages à énergie fossile (gaz, et surtout fioul), et encore moindre par rapport au chauffage électrique va sans dire…

Dans un coin de mon esprit trottait donc quand même l’idée de faire quelques économies, mais je dois avouer qu’à l’époque je n’avais fait aucun calcul prévisionnel.

 

Notre installation : un insert bois avec récupérateur de chaleur

Nous avons fait le choix d’installer un insert bois avec récupérateur de chaleur.

Il s’agit d’un insert standard d’une puissance de 14 kW présentant un rendement à puissance calorifique inférieure de 73 %. Le foyer est complété par un récupérateur de chaleur situé dans la hotte. Ce dernier pulse l’air chaud vers l’étage de la maison et dans la chambre mitoyenne du rez-de-chaussée .

Le conduit de cheminée lui-même contribue également à une récupération de chaleur par conduction très appréciable dans les 2 chambres qu’il dessert à l’étage.

Le tout est posé sur de la pierre blanche du Gard et habillé d’un plateau en marbre noir poli. Nous trouvons ce type d’installation plus élégant que les poêles parfois affreux qu’on voit ici ou là. Les goûts et les couleurs ça ne se discute pas…

 

Le coût total de cette installation effectuée par un professionnel qualifié a été de 5 500 € TTC, dont 2 113 € pour le foyer seul. Nous avons bénéficié d’un crédit d’impôt égal à 50 % du coût TTC du foyer seul, soit 1 057 €.

Le coût net d’impôt de notre insert a donc été de 5 500 – 1 057 = 4 443 €.

A ce prix de revient net, il convient d’ajouter le coût d’installation de 2 abris bûches et de quelques ustensiles d’entretien. J’estime le prix de revient de tout ça à environ 200 € TTC (j’ai fabriqué le second abri-bûches moi-même avec du bois de récupération).

 

Notre capacité totale de stockage est de 9 stères. Nous avons une consommation moyenne annuelle de 6,9 stères de bûches de bois durs en coupe 40-50 cm. Un bon quart de notre stock de bois bénéficie donc d’un séchage supplémentaire garanti de 18 mois puisqu’il est consommé l’hiver de l’année suivant sa livraison.

 

Le coût net global de notre installation de chauffage bois peut donc être estimé à environ 4 640 €.

Cette installation est-elle déjà amortie ? Si non, combien d’années encore pour l’amortir ?

 

Estimation de l’économie induite par le chauffage au bois

Après presque 7 années pleines d’utilisation, je suis maintenant en mesure de faire un calcul assez précis des économies de chauffage générées grâce à cette installation.

Pour cela il suffit de faire une petite feuille de calcul avec son tableur préféré :

Simulateur pour comparer chauffages au gaz et au bois
Simulateur pour comparer chauffages au gaz et au bois

 

Sans trop vous assommer de détails, mes calculs sont basés sur les hypothèses suivantes :

  • Le calcul tient compte du rendement de la chaudière (83 %) et de l’insert (73 %), le coût unitaire du kWh gaz ou bois est donc bien net de tout.
  • Un stère de bois durs bien secs (humidité H < 20 %) possède un PCI (Pouvoir Calorifique Inférieur) de 2 000 kWh
  • Le différentiel du coût net entre les 2 énergies permet de calculer l’économie induite par le chauffage bois

 

Pour faire ce type de calcul, attention au piège : les kWh facturés par les fournisseurs de gaz sont des kWh PCS, c-à-d à Pouvoir Calorifique Supérieur. Pour comparer avec le kWh bois (ou toute autre énergie), il faut les convertir en kWh PCI. Le facteur de conversion est de 0,9 pour le gaz naturel livré en France.

 

Mes calculs ne doivent pas être trop mauvais, car je trouve un coût moyen réel du kWh pour notre installation au gaz naturel (hors abonnement) de 7,1 centimes d’€, en accord avec ce qu’on trouve sur les sites internet spécialisés.

Le coût moyen du kWh de notre installation bois est de 4,2 centimes d’€, un peu au-dessus de la moyenne constatée. La faute au prix moyen un peu élevé du bois de chauffage en bûches que l’on peut trouver dans notre région : 61,36 € le stère de bois dur sec (H<20%) en moyenne sur les 7 ans écoulés.

 

En bas à droite de ma feuille de calcul, vous constaterez que l’estimation de l’économie de chauffage induite par notre insert est de 2 285 € depuis son installation.

 

Une autre estimation de l’économie induite par le chauffage au bois

Bien que les ordres de grandeur semblent corrects, je peux obtenir une autre estimation totalement indépendante de l’économie induite par notre chauffage au bois. Notre pavillon fait partie d’un ensemble de 5 maisons dont les compteurs gaz sont réunis dans la même armoire.

J’ai donc accès à la consommation totale cumulée depuis février 2007 de l’ensemble des 5 logements, que voici exprimée en m3 de gaz :

consommations de gaz de nos voisins

Les 5 logements sont identiques, à l’exception du Voisin C qui a une chambre en moins. On constate au premier coup d’oeil que notre consommation de gaz depuis l’emménagement est environ moitié moindre de celles de tous les voisins. C’est logique, aucun de nos 4 voisins ne se chauffe au bois.

Même si l’orientation, le nombre d’occupants et les modes de vie ne sont pas les mêmes pour chaque logement, cette différence semble donc statistiquement robuste.

 

Ensuite, c’est un jeu d’enfant : je connais le coefficient de conversion moyen du m3 de gaz en kWh gaz PCS (9,7 pour le gaz russe, merci M. Poutine), je connais le prix moyen du kWh de gaz depuis 2007, je connais enfin le prix des 49,5 stères de bois que nous avons achetés au total.

On mélange tout ça, et on obtient l’économie de gaz réalisée par rapport à chacun de nos voisins :

Economie de chauffage gaz par rapport à nos voisinsPlus que chaque valeur individuelle, c’est la moyenne qui m’intéresse : elle ressort à 2 033 €. Cette valeur est assez proche (11 % inférieure) de l’estimation obtenue plus haut à partir de nos seules consommations.

La méthode utilisant nos propres consommations est bien sûr plus précise. Cependant, quand j’obtiens 2 résultats similaires avec des méthodes totalement différentes, je suis encore plus confiant dans mes calculs.

 

L’insert bois n’est pas encore amorti

L’économie de chauffage induite par notre insert bois est donc de l’ordre de 2 285 € depuis son installation. Nous sommes loin du coût total pour l’installation de 4 640 € estimé plus haut.

Je m’attendais un peu à ce résultat. Le chauffage gaz avec une chaudière récente est un mode de chauffage très compétitif, encore plus compétitif si vous avez la chance d’avoir une chaudière à condensation sur un plancher chauffant.

Ceci s’ajoute au prix un peu élevé du bois de chauffage dans notre région. Pour ceux habitant en région forestière et/ou montagneuse, la conclusion pourrait être différente.

D’un point de vue strictement économique, cette installation n’est donc pas rentabilisée. Une rapide estimation montre qu’elle le sera dans environ 8 ans à coût des énergies constant.

Cependant, je ne regrette rien. L’agrément et la beauté du feu de bois n’ont pas de prix à mes yeux :

 insert bois

 

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